mardi 19 janvier 2010

Sur internet, je ne paierai jamais


Ce matin une info éco tombe sur mon Twitter. Cadbury accepte l'OPA de Kraft. Vite GoogleActu, je tape Cadbury, je vais sur le NouvelObs , l'AFP, Challenges... J'attends 15 min et hop, Challenges met en ligne une lettre du patron de Cadbury à ses salariés. Et un article de plus. J'ai déboursé que dalle et j'ai eu mes infos. Dans le même temps, le New York Times prépare une annonce pour le 27 janvier. Il parait qu'il va rendre une bonne partie de son contenu payant, moyennant un abonnement. C'est ce que tente Murdoch depuis un an. "Tu veux l'info, faut payer coco!" En théorie pourquoi pas? Faut bien les payer les journalistes. Sauf que cette théorie se heurte violemment au mur de la pratique sur internet. Et sans airbag. C'est à dire qu'une fois mis le doigt dans l'engrenage du payant, rame derrière pour maintenir ton audience. Ce que je dis est peut-être d'une grande banalité mais personne ne semble en tenir compte: internet a complètement changé notre consommation d'informations. Quand j'étais gamin, mon grand-père était abonné au Provençal et ça lui suffisait. Mon père achetait Le Monde, Libé et le Nouvel Obs et c'était à peu près tout. Moi internaute, jamais je ne me contenterai de liberation.fr ou du monde.fr. Alors je fais quoi? Dans un monde payant: je m'abonne à 10 journaux en ligne (nombre moyen de sites d'infos différents que je fréquente par jour), et je lâche 400 ou 500 euros par mois? Tout ça pour pour une poignée de signes par jour? Ca ne marche pas. On me dit: il faut mettre quelques articles en accès libre? Lesquels alors? Les plus intéressants (donc ceux pour lesquels les gens paieraient...), les moins intéressants (impossible évidemment)...

Quelle solution? Aux vues des pratiques actuelles sur internet, j'oscille entre le aucune (attendre l'hypothétique jour où la pub sur internet rapportera vraiment) et le micro-paiement à l'unité. L'abonnement à un titre de presse ne fonctionnant pas, pourquoi ne pas imaginer un système à la paypal sous chaque article? Un code rapide, un clic, 5 à 10 centimes prélevés sur le compte en banque et l'article est disponible. De l'indolore pour le lecteur, du cash pour le journal en complément de la pub. Je ne vois pas d'autre façon de me faire payer pour de l'info sur le web. Il faut que ce soit rapide et indolore. Bref, tout le contraire de ce qui est envisagé aujourd'hui.

3 commentaires:

  1. Bon, c'est officiel. Plus j'ai du taf, plus je papillonne... Des fois, je me foutrais des claques dans la gueule. Vais encore rentrer à pas d'heure ce soir... Mais bon. Sujet intéressant s'il en est.
    Tu dis qu'on a mis le doigt dans l'engrenage du payant. J'ai envie de prendre le problème à rebours: on a mis le doigt dans l'engrenage du gratuit. Le Net s'est développé sur la culture du tout gratuit. Ça a révolutionné notre façon de consommer de l’information. Et pas que l’info. Ma trop longue intro, une peu conne, avait pour but de mettre l’accent sur l’une des conséquences majeures de la révolution du Net : le « papillonnage ». Ton exemple généalogique l’illustre d’ailleurs. Après, la question est de savoir s’il faut s’en lamenter. La réponse est non, évidemment. Tout ce qui permet d’avoir un accès plus large à l’info est bon à prendre.
    Sauf que ça doit aussi nous engager à une profonde mutation (je dis « nous », un peu comme si, finalement, j’étais journaliste). Qu’est-ce que la plus-value du journaliste quand tout le monde a accès à l’info brute. Un tremblement de terre à Haïti ? Ok : tout Internet en bruisse, avec le bilan, les témoignages, tout. Des images terribles ? Ok : même topo, visibles partout ! ça oblige à trouver d’autres angles d’attaques. Bon. Je m’égare (la faute à un editing qui m’a coupé dans mon élan). Internet dans tout ça.
    Le problème, à mon sens, c’est que l’on est dans un système schizophrène (mot compte triple : 64 points). Les journaux doivent y être, avec relais sur Google qui fait la pluie et le beau temps, pour booster les visites et bénéficier d’une vitrine. Sont donc obligés de lâcher des pans entiers de leur « production ». Mais ils en sont en même temps victimes, pillés, martyrisés, outragés… et accessoirement rincés financièrement.
    L’idée, c’est « je te file ça, un article, deux, trois, n’importe et, ensuite, j’espère que tu en profiteras 1/ pour connaître, reconnaître mon journal en kiosque, et l’acheter, 2/ aller vers les liens payants. »
    Evidemment, ça marche pas. D’abord 1/ parce que le virtuel et le physique sont deux modes de consommation très différents (j’achète Libé, le matin, pour lire dans le métro, je fais sur le site, la journée, pour me tenir informer des infos qui tombent éventuellement). 2/ parce que qui peu comprendre qu’une info soit gratuite, et celle d’à côté, a priori sinon la même, du moins aussi « sérieuse, payante ? Arrive forcément un moment où on se dit qu’on se fait avoir en payant.
    Et là, pour moi, c’est le drame. Pourquoi ? Parce que je m’aperçois, avec effroi, que je suis d’accord avec toi. A savoir oui, oui, et re-oui, l’idée, plus qu’un système d’abonnement (ok, 10 € par mois, je dis n’importe quoi, c’est pas beaucoup mais si je ne lis qu’un article par jour, ça commence à douiller sévère), c’est du payperview. Avec, à mon sens, mais je dis ça, je dis rien, un système libre-accès sur les vieux papiers, histoire de montrer ce que le journal, quand même, est capable (certes valable pour les hebdos, les mensuels, peut-être, mais pas les quotidiens, oui, oui, c’est vrai).
    Reste un problème : si un site fait ça, il se ferme de tout un pan Web : image, attractivité, visites, etc. Cela n’a donc de sens que si la démarche est globale. En clair, pour reprendre un extrait de Libé, ce matin : « corporate or die. » Sauf que c’est pas demain la veille que les différentes chapelles vont se réunir.
    JN

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  2. Oui, on est d'accord, la gratuité est un risque économique mais un progrès pour l'information. C'est exactement pareil pour la musique: si tu te bouffes des Beatles, des Byrds, des Kinks et des Beach Boys depuis 3 semaines c'est grâce à la facilité d'accès permis par internet. Donc la gratuité. Internet enrichit l'utilisateur que tu es (tu perdras un peu moins au Trivial Musique la prochaine fois). Peut-on aller contre cette forme de progrès? Je ne crois pas.

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  3. http://davidm.blog.lemonde.fr/2010/01/19/info-en-ligne-vite-une-infostore/
    Hello les amis, voilà ma contribution au débat très intéressant lancé par le sieur Bianchi.
    A très vite.

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